Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/433

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l’oiſiveté qui ſuit la tyrannie après la dévaſtation, ſe contentoient de vivre de quelques plantations dont ils vendoient le ſuperflu aux vaiſſeaux qui paſſoient ſur leurs côtes. Toute la population de la colonie, concentrée au petit territoire qui nourriſſoit cette race de deſtructeurs, étoit bornée à quinze cens eſclaves commandés par autant de tyrans ; lorſque les Anglois vinrent enfin attaquer cette ville, s’en rendirent maîtres, & s’y établirent en 1655.

XXII. La Jamaïque eſt conquiſe par les Anglois. Evénement arrivés dans l’iſle depuis qu’ils en ſont les maîtres.

Avec eux y entra la diſcorde. Ils en apportoient les plus funeſtes germes. D’abord la nouvelle colonie n’eut pour habitans que trois mille hommes de cette milice fanatique, qui avoit combattu & triomphé ſous les drapeaux du parti républicain. Bientôt ils furent joints par une multitude de royaliſtes, qui eſpéroient trouver en Amérique la conſolation de leur défaite, ou le calme de la paix. L’eſprit de diviſion, qui avoit ſi long-tems & ſi cruellement déchiré les deux partis en Europe, les ſuivit au-delà des mers. C’en étoit aſſez pour renouveler dans le Nouveau-Monde les ſcènes d’horreur & de ſang tant de fois répétées dans l’ancien. Mais Penn &