Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/438

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l’eſclavage. Aucun des auditeurs ne ſoupçonna les véritables vues d’un écrivain ſi judicieux, & ſon nom ſubjugua tout le sénat Britannique.

Tout le sénat Britannique ! tout un corps aſſemblé pour diſcuter les intérêts de la nation & prononcer gravement ſur une motion, dont l’injuſtice & la déraiſon ne méritoient que des huées ! Et pourquoi ne pas opiner que ces noirs fuſſent entièrement déſhérités ? Si leur couleur autoriſoit à les priver d’une portion du bien de leurs pères, pourquoi pas de tous ? C’eſt par le ridicule, & non par des argumens qu’il falloit combattre des opinions d’une auſſi palpable abſurdité. Et quand, contre toute vraiſemblance, c’eut été le ſentiment de Monteſquieu, qu’importoit ſon autorité ? Du moins falloit-il d’ailleurs s’aſſurer du ſentiment de cet auteur.

Le bill alloit s’étendre aux Indiens, lorſqu’un homme, moins aveuglé que les autres, obſerva que ce ſeroit une injuſtice horrible de confondre les anciens propriétaires de l’iſle avec les Africains, & qu’il n’en reſtoit d’ailleurs que cinq ou ſix familles.

Avant qu’aucune de ces loix eût été portée,

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