Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/448

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le gingembre a été moins utile à la colonie. Les ſauvages, que les Européens trouvèrent dans les iſles d’Amérique, en faiſoient aſſez généralement uſage : mais leur conſommation en ce genre, comme dans les autres, étoit ſi bornée, que la nature brute leur en fourniſſoit ſuffiſamment. Les uſurpateurs prirent une eſpèce de paſſion pour cette épicerie. Ils en mangeoient le matin, pour aiguiſer leur appétit. On leur en ſervoit à table, confit de pluſieurs façons. Ils en uſoient après le repas, pour faciliter la digeſtion. C’étoit, dans la navigation, leur antidote contre le ſcorbut. L’ancien monde adopta le goût du nouveau, & ce goût dura juſqu’à ce que le poivre, qui avoit eu long-tems une valeur extraordinaire, fut baiſſé de prix. Alors le gingembre tomba dans une eſpèce de mépris ; & la culture en fut à-peu-près abandonnée par-tout, excepté à la Jamaïque.

Cette iſle produit & vend une autre épicerie, connue ſous le nom impropre de poivre de la Jamaïque. L’arbre qui le produit eſt une eſpèce de myrte, qui croit ordinairement ſur les montagnes & s’élève à plus de trente pieds. Il eſt très-droit, d’une groſſeur