Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/461

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sous le rendoient si fier. La ville elle-même est détruite & submergée. Vainement on la tire de ses débris. Téméraires travaux ! un nouvel ouragan renverse ses murs renaissans. Port-Royal, comme Jérusalem, ne peut être réédifié. La terre ne se laisse creuser, que pour l’engloutir encore. Par une singularité, qui confond tous les efforts & les raisonnemens de l’homme, les seules maisons qui échappent au nouveau bouleversement, restent bâties à l’extrémité d’une pointe infiniment étroite, qui s’avance plusieurs milles dans la mer : comme si l’inconstance de l’océan eût offert une base solide à des édifices que la terre-ferme sembloit rejeter.

Les habitans de Port-Royal, découragés par ces calamités répétées, se réfugient à Kingstown, situé sur la même baie. Bientôt leur activité & leur industrie, font de ce bourg, jusqu’alors obscur, une ville agréable & florissante. Les affaires même y sont peu-à-peu devenues plus vives qu’elles ne le furent à aucune époque dans les marchés qu’elle a remplacés ; parce que la colonie a plus gagné par l’augmentation de ses cultures,