Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/472

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un grand nombre par ſurpriſe. Enfin les conjurés affoiblis & trahis par leur propre race, reſtèrent long-tems dans le ſilence & l’inaction.

On croyoit le feu de la conſpiration éteint ſans retour, lorſque les révoltés accrus par le renfort des déſerteurs qui s’étoient échappés de diverſes plantations, reparurent avec une nouvelle fureur. Les troupes réglées, les milices, un corps nombreux de matelots, tout ſe réunit contre des eſclaves. On les combattit, on les vainquit en pluſieurs rencontres. Il y en eut beaucoup de tués & de pris. Le reſte ſe diſperſa dans les bois & dans les rochers. Tous les priſonniers furent fuſillés, pendus ou brûlés. Ceux qu’on croyoit les auteurs de la conſpiration furent attachés vivans à des gibets où ils périrent lentement, exposés & conſumés au ſoleil ardent de la Zone-Torride, ſupplice plus cuiſant, plus affreux que celui du bûcher. Cependant leurs tyrans ſavouroient avec avidité les tourmens de ces misérables, dont le ſeul crime étoit d’avoir voulu recouvrer par la vengeance des droits que l’avarice & l’inhumanité leur avoient ravis.