Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/485

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Garde ces avantages, peuple laborieux ſans richeſſes, heureux de ton travail & de la pauvreté qui conſervent tes mœurs. Un ciel pur & ſerein veillent ſur tes jours innocens. Tu reſpires la paix de l’âme avec la ſanté. Aucun poiſon du luxe n’a coulé dans tes veines. Tu n’excites, ni n’éprouves l’envie. Les fureurs de l’ambition & de la guerre expirent ſur tes bords, comme les tempêtes de l’océan qui t’environnent. C’eſt pour jouir du ſpectacle de la frugalité, que l’homme vertueux voudroit paſſer les mers. Ah ! que les vents ne t’apportent jamais les événemens du monde où nous vivons ! Tu ſaurois… hélas !… non, mon eſprit ſe trouble, ma plume tombe, & tu n’apprendras rien…

Telles étoient les poſſeſſions Britanniques, dans l’archipel Américain, lorſque les ſuccès de la guerre, terminée en 1763, y donnèrent au domaine de cette puiſſance une extenſion conſidérable, dont la Grenade fut la partie la plus riche.

XXX. La Grenade fut d’abord occupée par les François. Ce qu’y firent les premiers colons.

Cette iſle a vingt-une lieues de circonférence, ſix dans ſon plus grand diamètre qui eſt du nord au ſud, & quatre de l’eſt à l’oueſt. Son terrein, quoique fort haché, eſt preſque