Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/489

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

On craignit ſans doute que la cour de France ne ratifiât pas un jugement ſi extraordinaire & réduit à des formalités inouïes, quoique dictées par le bon ſens. La plupart des juges du crime, & des témoins du ſupplice, diſparurent de la Grenade. Il n’y demeura que ceux qui, par leur obſcurité, devoient ſe dérober à la perquiſition des loix. Le dénombrement de 1700 atteſte qu’il n’y avoit dans l’iſle que deux cens cinquante-un blancs, cinquante-trois ſauvages ou mulâtres libres, & cinq cens vingt-cinq eſclaves. Les animaux utiles ſe réduiſoient à ſoixante-quatre chevaux & cinq cens ſoixante-neuf bêtes à corne. Toute la culture conſiſtoit en trois ſucreries, & cinquante-deux indigoteries.

Tout changea de face vers l’an 1714, & ce changement fut l’ouvrage de la Martinique. Cette iſle jettoit alors les fondemens d’une ſplendeur qui devoit étonner toutes les nations. Elle envoyoit à la France des productions immenſes, dont elle étoit payée en marchandiſes précieuſes, qui la plupart étoient versées ſur les côtes Eſpagnoles. Ses bâtimens touchoient en route à la Grenade, pour y prendre des rafraîchiſſemens. Les