Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/49

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Un bruit s’étoit répandu ſans qu’on en ſache l’origine, qu’il y avoit dans l’intérieur de la Guyane, un pays déſigné ſous le nom del Daurado, qui renfermoit des richeſſes immenſes en or & en pierreries, plus de mines & de tréſors que Cortès & Pizarre n’en avoient jamais trouvé. Cette fable n’enflammoit pas ſeulement l’imagination naturellement ardente des Eſpagnols : elle échauffoit tous les peuples de l’Europe.

Cet enthouſiaſme ſaiſit particulièrement Walter Raleigh, un des hommes les plus extraordinaires qu’ait produits la région la plus féconde en caractères ſinguliers. Il avoit une paſſion extrême pour tout ce qui avoit de l’éclat ; une réputation qui éclipſoit les plus grands noms ; plus de lumières que ceux que leur état attachoit uniquement aux lettres ; une liberté de penſer qui n’étoit pas de ſon ſiècle ; quelque choſe de romaneſque dans les ſentimens & dans la conduite. Ce tour d’eſprit le détermina en 1595, au voyage de la Guyane : mais il la quitta ſans avoir rien trouvé de ce qu’il cherchoit. Il publia cependant à ſon retour en Angleterre une relation remplie des plus brillantes im-