Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/501

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ſeul homme. Peut-être dans l’ivreſſe d’une fauſſe grandeur, voyoit-elle avec indifférence tout ce qui n’étoit qu’utile. Elle prit même une mauvaiſe opinion de Tabago, juſqu’à la regarder comme un rocher ſtérile. Cette erreur s’accrédita par la conduite des François qui, trop nombreux à la Martinique, ſe débordèrent aux iſles de Sainte-Lucie, de Saint-Vincent, de la Dominique. Celles-ci étoient des poſſeſſions précaires, & d’une qualité médiocre. Les auroit-on préférées à une iſle dont le terrein étoit meilleur & la propriété inconteſtable ? Ainſi raiſonnoit un gouvernement qui n’avoit pas alors ſur le commerce & les plantations des colonies, aſſez de lumières pour diſcerner les vrais motifs du peu de penchant que ſes ſujets avoient pour Tabago.

Une colonie naiſſante, ſur-tout quand elle eſt fondée avec de foibles moyens, a beſoin de ſecours immédiats pour ſubſiſter. Elle ne peut faire des progrès qu’à meſure qu’elle trouve la conſommation de ſes premières denrées. Celles-ci ſont pour l’ordinaire d’une eſpèce commune qui, ne valant pas les frais d’une longue exportation, ne ſe vend guère