Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/509

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hiſtorien des Antilles, ces terribles ſauvages, impitoyables envers les maîtres, épargnoient les captifs, les emmenoient chez eux, leur rendoient la liberté pour jouir de la vie, c’eſt-à-dire, du ciel & du ſol ; en un mot, des biens de la nature, qu’aucun homme ne doit ni ravir, ni refuſer à perſonne.

C’eſt peu. Les maîtres de l’iſle donnèrent leurs filles en mariage à ces étrangers, quel que fut le haſard qui les eût conduits. L’eſpèce procréée de ce mélange, forma une génération, qu’on appela Caraïbes noirs. Ils ont plus conſervé de la couleur primitive de leurs pères, que de la nuance mitoyenne de leurs mères. Le Caraïbe rouge eſt de petite ſtature ; le Caraïbe noir eſt grand, robuſte ; & cette race doublement ſauvage, parle avec une véhémence, qui ſemble tenir de la colère.

XXXVII. L’arrivée des François à St. Vincent brouille les Caraïbes noirs avec les Caraïbes rouges.

Cependant le tems éleva des nuages entre ces deux nations : ils furent aperçus de la Martinique. On réſolut de profiter de cette méſintelligence, pour s’élever ſur les ruines de l’un & de l’autre parti. On prétexta que les Caraïbes noirs donnoient aſyle aux eſclaves déſerteurs des iſles Françoiſes. L’impoſture n’enfante que l’injuſtice. On attaqua ſans