Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/538

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Cette manie épidémique donna un prix extravagant aux terres que le gouvernement faiſoit vendre. Comme la plupart des acquéreurs n’avoient que leur hardieſſe pour toute fortune, le crédit devint leur reſſource unique. Ils en trouvèrent à Londres & dans quelques autres places de commerce, dont les négocians égarés par la même illuſion, puiſoient dans les banques des ſommes conſidérables à un intérêt modique, pour les confier à un intérêt plus fort à ces ſpéculateurs entreprenans.

Les nouveaux propriétaires, qui, la plupart, s’étoient fait adjuger un ſol, ſans prendre la peine de le reconnoître, portèrent la même légèreté dans la formation de leurs plantations. Les côtes & l’intérieur des iſles acquiſes ſe trouvèrent tout-à-coup couverts de maîtres & d’eſclaves, également inexpérimentés dans l’art difficile & pénible des défrichemens. Ce furent des fautes ſur des fautes, des malheurs ſur des malheurs. Le déſordre étoit extrême. Il ne tarda pas à éclater.

Le colon avoit fait ſes emprunts à huit pour cent, en 1766 ou vers cette époque.