Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/544

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Celles-ci ſont iſolées & n’ont qu’un tems ; elles ſe combattent ou ſe ſuccèdent. La paſſion de l’argent nourrit & ſatiſfait toutes les autres, du moins elle y ſupplée à meſure qu’elle les uſe par les moyens qu’elle fournit de les aſſouvir. Il n’eſt point d’habitude qui ſe fortifie plus par l’uſage que celle d’amaſſer : elle ſemble s’irriter également par les jouiſſances de la vanité & par les privations de l’avarice. L’homme riche a toujours beſoin de remplir ou de groſſir ſon tréſor. C’eſt une expérience conſtante qui s’étend des individus aux nations.

Depuis que le commerce a élevé des fortunes conſidérables dans toute l’Angleterre, la cupidité y eſt devenue le mobile univerſel & dominant. Les citoyens qui n’ont pas pu ou qui n’ont pas voulu s’attacher à cette profeſſion la plus lucrative, n’ont pas renoncé cependant au lucre, dont les mœurs & l’opinion leur faiſoient un beſoin. Même en aſpirant à l’honneur, ils couroient aux richeſſes. Dans la carrière des loix & des vertus, qui doivent ſe chercher & s’appuyer mutuellement, dans la gloire de ſiéger au parlement, ils ont vu le moyen d’agrandir leur fortune.