Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/558

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les fondemens l’objet de l’établiſſement, ſans utilité réelle. La métropole ſe priveroit d’une grande partie des riches productions qu’elle reçoit de ſes colonies, & ne les préſerveroit pas de l’invaſion.

En vain eſpéreroit-on repouſſer une deſcente avec des nègres, qui, nés dans un climat où la molleſſe étouffe tous les germes du courage, ſont encore avilis par la ſervitude, & ne peuvent mettre aucun intérêt dans le choix de leurs tyrans. Dans de telles mains, les meilleures armes doivent être impuiſſantes. On pourroit même craindre qu’ils ne les tournâſſent contre leurs impitoyables oppreſſeurs.

Les blancs paroiſſent de meilleurs défenſeurs pour les colonies. Outre le courage qu’inſpire naturellement la liberté, ils doivent être encore animés de celui qui appartient excluſivement aux grands propriétaires. Ce ne ſont pas des hommes avilis par des travaux groſſiers, par des occupations obſcures, ou par l’indigence. L’empire abſolu qu’ils exercent dans leurs plantations, a dû leur inſpirer de la fierté & agrandir leur âme. Mais diſpersés dans de vaſtes héritages y que peuvent-ils en