Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/561

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climat, qu’une garniſon ne ſauroit réſiſter à la longueur d’un ſiège.

Il n’eſt pas d’autre moyen de conſerver les iſles, qu’une marine redoutable. C’eſt ſur les chantiers & dans les ports de l’Europe, que doivent être conſtruits les baſtions & les boulevards des colonies de l’Amérique. Tandis que la métropole les tiendra, pour ainſi dire, ſous les ailes de ſes vaiſſeaux ; tant qu’elle remplira de ſes flottes le vaſte intervalle qui la sépare de ces iſles, filles de ſon induſtrie & de ſa puiſſance ; ſa vigilance maternelle ſur leur proſpérité, lui répondra de leur attachement. C’eſt donc vers les forces de mer que les peuples, propriétaires du Nouveau-Monde, porteront déſormais leurs regards.

La politique de l’Europe, veut en général garder les frontières des états, par des places. Mais pour les puiſſances maritimes, il faudroit peut-être des citadelles dans les centres, & des vaiſſeaux ſur la circonférence. Une iſle commerçante, n’a pas même beſoin de places. Son rempart, c’eſt la mer qui fait ſa sûreté, ſa ſubſiſtance, ſa richeſſe. Les vents ſont à ſes ordres, & tous les élémens conſpirent à ſa gloire.