Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/57

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noient l’ancien & le Nouveau-Monde par leur éclat & par leurs richeſſes. Loin que le tems & le progrès des lumières euſſent amélioré ſon ſort, ſa ſituation étoit devenue de jour en jour plus fâcheuſe. Comment eſpérer qu’elle rempliroit les hautes deſtinées qu’on lui préparoit ? Ces conſidérations n’arrêtèrent pas le miniſtère. Voyons ce qu’on a dit pour juſtifier ſes vues.

L’Amérique offroit, dans l’origine à l’invaſion de l’Europe, deux régions entièrement différentes, la Zone Torride & la Zone tempérée du nord. La première préſentoit une vaſte coupe à la ſoif de l’or ; à la cupidité, des appas ; à la molleſſe, le repos ; à la volupté, ſon aliment ; au luxe, ſes reſſources. Celui qui s’en empara le premier dut éblouir par ſon éclat, séduire par l’image de ſon bonheur. Une opulence, auſſi impoſante que rapide, ne pouvoit manquer de lui donner dans le monde ancien une influence d’autant plus étendue, que la nature de la vraie richeſſe y étoit ignorée, & que ſes rivaux ſe trouvèrent tout-à-coup plongés dans une indigence relative, auſſi inſupportable que l’indigence réelle. Son nouveau