Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/66

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des méditations bien profondes, l’établiſſement qu’il s’agiſſoit de former, auroit acquis, en peu de tems, la conſiſtance dont il étoit ſuſceptible.

On ne fit pas ces réflexions ſi ſimples, ſi naturelles. Douze mille hommes furent débarqués, après une longue navigation, ſur des côtes déſertes & impraticables. On ſait que dans preſque toute la Zone Torride, l’année eſt partagée en deux ſaiſons, l’une sèche & l’autre pluvieuſe. À la Guyane, les pluies ſont ſi abondantes, depuis le commencement de novembre juſqu’à la fin de mai, que les terres ſont ſubmergées ou hors d’état d’être cultivées. Si les nouveaux colons y étoient arrivés au commencement de la ſaiſon sèche, diſtribués ſur les terreins qu’on leur deſtinoit, ils auroient eu le tems d’arranger leurs habitations, de couper les forêts ou de les brûler, de labourer ou d’enſemencer leurs champs.

Faute de ces combinaiſons, on ne ſut où placer cette foule d’hommes qui arrivoient coup ſur coup dans la ſaiſon des pluies. L’iſle de Cayenne auroit pu ſervir d’entrepôt & de rafraîchiſſement aux nouveaux débarqués.