Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/68

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mille hommes, dont la conſtitution robuſte avoit réſiſté à l’intempérie du climat, à plus de misères qu’on ne ſauroit dire.

L’état s’eſt trouvé heureuſement aſſez puiſſant, pour pouvoir ſoutenir de ſi grandes pertes. Mais qu’il eſt douloureux pour la patrie, pour les ſujets, pour toutes les âmes avares du ſang François, de le voir ainſi prodiguer dans des entrepriſes ruineuſes, par une folle jalouſie d’autorité qui commande un ſilence rigoureux ſur les opérations publiques ! Eh ! n’eſt-ce pas l’intérêt de la nation entière, que ſes chefs ſoient éclairés ! Mais peuvent-ils l’être autrement que par des lumières générales ? Pourquoi lui cacher des projets dont elle doit être l’objet & l’inſtrument ? Eſpère-t-on commander aux volontés ſans l’opinion, & inſpirer le courage ſans la confiance ? Les vraies lumières ſont dans les écrits publics, où la vérité ſe montre à découvert, où le menſonge craint d’être ſurpris. Les mémoires ſecrets, les projets particuliers, ne ſont guère que l’ouvrage des eſprits adroits & intéreſſés, qui s’inſinuent dans les cabinets des adminiſtrateurs, par des routes obſcures, obliques & détournées. Quand un prince,