notre cupidité, en rendant leur condition ſupportable. La loi de la néceſſité, qui commande même aux tyrans, preſcrira, dans cette région, une modération que l’humanité ſeule devroit inſpirer par-tout.
XI. Avant de jeter des capitaux dans la Guyane, il convient d’examiner ſi la colonie eſt bien organisée ; il en faut régler les limites.
Ce nouvel ordre de choſes engagera le gouvernement dans des dépenſes conſidérables. Avant de s’y livrer, il examinera ſi la colonie a eu juſqu’à notre âge, l’organiſation qui devoit la faire proſpérer, & ſi Cayenne eſt le lieu le plus convenable pour être le chef-lieu d’un grand établiſſement. C’eſt notre opinion : mais d’habiles gens penſent le contraire ; & leurs raiſons doivent être diſcutées.
Ces vues peuvent être excellentes, ſans que les avantages en aient été plutôt aperçus ; & il ne faut pas s’en étonner. Les choſes ſont quelquefois d’une difficulté qui ne peut être ſurmontée que par l’expérience ou par le génie. Mais l’expérience qui marche à pas lents, demande du tems ; & le génie qui, ſemblable aux courſiers des dieux, franchit un intervalle immenſe d’un ſaut, ſe fait attendre pendant des ſiècles. A-t-il paru ? il eſt repouſſé ou persécuté. S’il parle, on