Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/103

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puiſque le magiſtrat ne pouvoit pas ſurveiller à leurs mœurs, ni le gouvernement pourvoir à la sûreté de leurs perſonnes, à celle de leurs propriétés.

L’audacieux & ardent Iroquois ne tarda pas à démêler le vice de cette conſtitution, & ſe mit en mouvement pour en profiter. Auſſitôt les foibles hordes de ſauvages qu’on avoit dérobées à ſes fureurs, privées de l’appui qui faiſoit leur sûreté, s’enfuirent devant lui. Ce premier ſuccès lui fit eſpérer qu’il réduiroit leurs protecteurs à repaſſer les mers, & que même il enleveroit à ces étrangers leurs enfans pour remplacer les guerriers que les guerres précédentes lui avoient fait perdre. Pour éviter ces calamités, ces humiliations, les François ſe virent réduits à élever dans chacun des diſtricts qu’ils occupoient, une eſpèce de fort où ils ſe réfugioient, où ils retiroient leurs vivres & leurs troupeaux à l’approche de cet ennemi irréconciliable. Ces paliſſades communément ſoutenues de quelques mauvais canons, ne furent jamais forcées, ni peut-être même bloquées : mais tout ce qui étoit hors des retranchemens, étoit détruit ou emporté par