Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/106

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s’apercevant qu’on négligeoit ce moyen, revinrent à ce caractère remuant que leur donnoit l’amour de la vengeance & de la domination. Ils eurent pourtant l’attention de ne ſe faire que des ennemis qui ne fuſſent ni alliés, ni voiſins des François. Malgré ce ménagement, on leur ſignifia qu’il falloit mettre bas les armes, rendre tous les priſonniers qu’ils avoient faits, ou s’attendre à voir leur pays détruit, & leurs habitations brûlées. Une ſommation ſi fière irrita leur orgueil. Ils répondirent qu’ils ne laiſſeroient jamais porter la moindre atteinte à leur indépendance ; & qu’on devoit ſavoir qu’ils n’étoient ni des amis à négliger, ni des ennemis à mépriſer. Cependant ébranlées par le ton impoſant qu’on avoit pris, ils accordèrent en partie ce qu’on exigeoit, & l’on ferma les yeux ſur le reſte.

Mais cette eſpèce d’humiliation aigrit le reſſentiment d’une nation plus accoutumée à faire qu’à ſouffrir des outrages. Les Anglois qui, en 1664, avoient chaſſé les Hollandois de la Nouvelle-Belge, & qui étoient reſtés en poſſeſſion de leur conquête, qu’ils avoient nommée la Nouvelle-York, profitèrent des