pertes, trompée dans ſon attente par des cauſes ſingulières qui méritent quelque attention.
Le miniſtère de Londres, en formant le projet d’aſſervir le Canada, avoit décidé que ſes forces de terre & celles de mer, y arriveroient par des mouvemens parallèles. Cette ſage combinaiſon fut exécutée avec la plus grande préciſion. À meſure que les vaiſſeaux remontoient le fleuve Saint-Laurent, les troupes franchiſſoient les terres, pour aboutir en même-tems que la flotte au théâtre de la guerre. Elles y touchoient preſque, quand les Iroquois qui leur ſervoient de guide & de ſoutien, ouvrirent les yeux ſur le danger qu’ils couroient, en menant leurs alliés à la conquête de Québec. Placés, dirent-ils dans leur conſeil, entre deux nations Européennes, chacune aſſez forte pour nous exterminer, également intéreſſées à notre deſtruction lorſqu’elles n’auront plus beſoin de notre ſecours ; que nous reſte-t-il, ſinon d’empêcher qu’aucune ne l’emporte ſur l’autre ? Alors elles ſeront forcées de briguer notre alliance, ou même d’acheter notre neutralité. Ce ſyſtême qu’on eût dit imaginé par la politique peu-