Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/116

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étoient prodigieuſement multipliées ; parce le peu d’hommes qui couroient dans ces déſerts, ſans troupeaux & ſans animaux domeſtiques, laiſſoient plus d’eſpace & de nourriture aux eſpèces errantes & libres comme eux. Si la nature du climat ne varioit pas ces eſpèces à l’infini ; du moins chacune y gagnoit par la multitude des individus. Mais enfin elles payoient tribut à la ſouveraineté de l’homme, titre ſi cruel & ſi coûteux à tous les êtres vivans ! Faute d’arts & de culture, le ſauvage ſe nourriſſoit & s’habilloit uniquement aux dépens des bêtes. Dès que notre luxe eut adopté l’uſage de leurs peaux, les Américains leur firent une guerre d’autant plus vive, qu’elle leur valoit une abondance & des jouiſſances nouvelles pour leurs ſens ; d’autant plus meurtrière, qu’ils avoient adopté nos armes à feu. Cette induſtrie deſtructive fit paſſer des bois du Canada, dans les ports de France, une grande quantité, une grande diverſité de pelleteries, dont une partie fut conſommée dans le royaume, & l’autre alla dans les états voiſins. La plupart de ces fourrures étoient connues dans l’Europe. Elle les tiroit du nord de notre