Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/135

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nombre, mâles & femelles, pour repeupler l’habitation ; & cette générosité n’est qu’avarice. La cruelle prévoyance de l’homme ne sait conserver peu, que pour avoir plus à détruire. Le castor, dont le cri plaintif semble implorer sa clémence & sa pitié, ne trouve dans le sauvage, que les Européens ont rendu barbares, qu’un implacable ennemi qui ne combat plus tant pour ses propres besoins, que pour les superfluités d’un monde étranger. Ô nature ! où est la providence, où est la bienfaisance d’avoir armé les animaux, espèce contre espèce, & l’homme contre tous ?

Si l’on compare maintenant les mœurs, la police & l’industrie des castors, avec la vie errante des sauvages du Canada ; peut-être avouera-t-on que, vu la supériorité des organes de l’homme sur ceux de tous les animaux, le castor s’étoit bien plus avancé dans les arts de la sociabilité que le chasseur, quand l’Européen alla étendre & porter ses connoissances & ses progrès dans l’Amérique Septentrionale.

Plus ancien habitant de ce Nouveau-Monde que l’homme ; tranquille possesseur de