Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/149

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ſans, les sœurs, les frères, à s’inſulter, à ſe mordre, à ſe déchirer. Inutilement quelques François honnêtes voulurent les faire rougir de ces excès. C’eſt vous, répondirent-ils, qui nous avez accoutumés à cette liqueur ; nous ne pouvons plus nous en paſſer ; & ſi vous refuſez de nous en donner, nous en irons chercher chez les Anglois. C’eſt vous qui avez fait le mal ; il eſt ſans remède.

La cour de France, tantôt bien, tantôt mal informée des déſordres qu’occaſionnoit un ſi funeſte commerce, l’a tour-à-tour proſcrit, toléré, autorisé, en raiſon des biens ou des maux qu’on faiſoit enviſager à ſes miniſtres. Au milieu de ces variations, l’intérêt des marchands s’arrêta rarement. La vente de l’eau-de-vie fut à-peu-prés égale dans tous les tems. Cependant les eſprits ſages la regardoient comme la cauſe principale de la diminution d’hommes, & par conséquent des peaux de bêtes, diminution qui devenoit tous les jours plus ſenſible.

XI. Guerres dans leſquelles les François ſe trouvent engagés dans le Canada.

Cette décadence n’étoit pas encore arrivée au point où on l’a vue depuis, lorſque l’élévation du duc d’Anjou ſur le trône de