Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/190

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poſſéder eux-mêmes des terres, & les défricher.

Durant les accès de cette fièvre ardente, ou dans les années 1718 & 1719, on entaſſoit ſans ſoin & ſans choix dans des navires, tous ces malheureux. Ils n’étoient pas déposés à l’iſle Dauphine, dont des monceaux de ſable venoient de combler la rade, ils n’étoient pas jetés à la Maubile, à laquelle il ne reſtoit plus rien depuis qu’elle avoit perdu ſon port. C’étoit le Biloxi, cet affreux Biloxi, qui recevoit tous les nationaux, tous les étrangers qu’on avoit séduits. Ils y périſſoient par milliers, de faim, d’ennui & de chagrin. Pour les conſerver, il n’auroit fallu que les faire entrer dans le Miſſiſſipi, que les placer ſur les terreins qu’ils devoient mettre en valeur. Mais telle étoit l’impéritie ou la négligence de ceux qui dirigeoient l’entrepriſe, qu’ils ne firent jamais conſtruire les bateaux néceſſaires pour une opération ſi ſimple. Après même qu’on ſe fut aſſuré que les navires qui arrivaient d’Europe, pouvaient la plupart remonter le fleuve, le Biloxi continua à être le tombeau des triſtes victimes d’une impoſture po-