Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/193

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leur aſſurant cette liberté que tout homme déſire, la propriété qu’il a droit d’attendre de ſon travail, & la protection que toute ſociété doit à ſes membres : ces encouragemens donnés à des propriétaires guidés par les circonſtances locales, éclairés par l’intérêt perſonnel, auroient produit des effets infiniment plus grands & plus durables, des établiſſemens plus étendus, plus ſolides & plus utiles que tous ceux qu’un privilège excluſif avoit pu faire avec ſes tréſors adminiſtrés & diſtribués par des agens qui ne pouvoient avoir, ni toutes les connoiſſances néceſſaires à tant d’opérations différentes, ni même un intérêt immédiat au ſuccès.

Cependant le miniſtère croyoit important au bien de l’état de laiſſer la Louyſiane entre les mains de la compagnie. Ce corps eut beſoin de tout ſon crédit pour obtenir la permiſſion d’aliéner cette portion de ſon privilège. On lui fit même acheter en 1731 cette faveur par le ſacrifîce d’une ſomme de 1 450 000 livres. Car il eſt des empires où l’on vend également le droit de ſe ruiner, celui de ſe libérer & celui de s’enrichir, parce que le bien & le mal, ſoit