Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/198

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montrer que le fleuve a lui-même beaucoup étendu ſon lit, formé en partie d’un terrein aſſez nouveau, puiſqu’on n’y trouve pas une ſeule pierre. La mer rejettant cette quantité prodigieuſe de vaſe, de feuilles, de troncs & de branches d’arbre que le Miſſiſſipi roule continuellement avec ſes ondes, il s’aſſemble & ſe lie de tous ces matériaux pouſſés & repouſſés, une maſſe ferme & ſolide qui prolonge toujours ce vaſte continent. Le fleuve n’a pas des époques bien déterminées pour augmenter ou pour décroître. Cependant, il eſt communément plus majeſtueux depuis le mois de janvier juſqu’à celui de juin, que dans le reſte de l’année. Profondément encaiſſé dans ſa partie ſupérieure, il ne ſe déborde guère qu’à ſoixante lieues du côté de l’Eſt, & à cent du côté de l’Oueſt, c’eſt-à-dire, dans les terres baſſes, & que nous croyons nouvelles. Ces terres vaſeuſes, comme celles qui n’ont pas acquis toute leur conſiſtance, produiſent une quantité prodigieuſe de gros roſeaux qui, embarraſſant les corps étrangers que charrie le fleuve, manquent rarement de les arrêter. L’amas de tous ces dé-