Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans ce riche établiſſement une partie de leur cargaiſon, alloient vendre le reſte au Miſſiſſipi, & s’y chargeoient en retour de ce qui pouvoit convenir à Saint-Domingue, de ce qui pouvoit convenir à la métropole.

IX. La France pouvoit retirer de grands avantages de la Louyſiane. Fautes qui ont empêché ce ſuccès.

La Louyſiane, que la nature ſembloit appeler à une grande proſpérité, y ſeroit ſans doute arrivée, ſi l’on eût eu la ſageſſe d’écouter les vœux des proteſtans François réfugiés dans les colonies établies par les Anglois au Nord du Nouveau-Monde.

Sous le règne le plus brillant & ſous l’époque la plus heureuſe de ce règne, trois cens mille familles calviniſtes jouiſſoient paiſiblement en France des droits de l’homme & du citoyen, droits confirmés par l’édit fameux qui avoit aſſoupi tant de troubles & terminé tant de malheurs, l’édit de Nantes. L’effroi de ſes voiſins & l’idole de ſes ſujets, Louis XIV n’avoit à redouter ni des ennemis au-dehors, ni des rebelles au-dedans de ſes provinces. Les proteſtans, tranquilles par devoir & par intérêt, ne ſongeoient qu’à ſervir l’état & qu’à contribuer à ſa puiſſance & à ſa gloire. On les voyoit à la tête de beaucoup de nouvelles