Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/231

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toi leur obéiſſance, parce que tu ne penſes pas comme eux ? C’eſt toi qui romps le pacte.

Les temples des proteſtans ſont détruits. Leurs miniſtres ont été mis à mort ou ſe ſont enfuis. La déſertion des persécutés s’eſt-elle arrêtée ? Non. Quel parti prendra-t-on ? On imaginera que la fuite fera moins fréquente, lorſque la ſortie ſera libre. L’on ſe trompera ; & après avoir ouvert les paſſages, on les refermera une ſeconde fois avec auſſi peu de ſuccès que la première.

L’horrible plaie que le fanatiſme fit alors à la nation, a ſaigné juſqu’à nos jours, & ſaignera long-tems encore. Des armées détruites ſe refont. Des provinces envahies ſe reprennent. Mais l’émigration d’hommes utiles qui en portant chez des nations étrangères leur induſtrie & leurs talens, les élèvent tout-à-coup au niveau de la nation qu’ils ont abandonnée, eſt un mal qui ne ſe répare point. Le coſmopolite, dont l’âme vaſte embraſſe les intérêts de l’eſpèce humaine s’en conſolera peut-être. Pour le patriote, il ne ceſſera jamais de s’en affliger, Ce patriote, c’eſt lui qui dit aux rois dans ce moment. Maitres de la terre, lorſqu’un