Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/235

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même autorité ſur le prince éclairé qui tenoit les rênes de l’empire après le vieux monarque, & qui certes ne fut jamais ſoupçonné de bigoterie, c’eſt ce que je ne ſaurois expliquer.

Indépendamment de ce fatal ſyſtême, peut-être la Louyſiane n’auroit-elle pas langui ſi long-tems, ſans la faute qu’on fît dès l’origine, d’accorder des terres au haſard & ſelon le caprice de ceux qui les demandoient. Des déſerts immenſes n’auroient pas séparé les colons les uns des autres. Rapprochés d’un centre commun, ils ſe ſeroient prêtés des ſecours mutuels, & auroient heureuſement joui de tous les avantages d’une ſociété régulière & bien ordonnée. À meſure que la population auroit augmenté, le cercle des défrichemens ſe ſeroit étendu. Au lieu de quelques hordes de ſauvages, on eût vu s’élever une riche colonie qui ſeroit peut-être devenue avec le tems une nation puiſſante. Que d’avantages il en eût réſulté pour la France même ?

Ce royaume qui achète chaque année dix-huit à vingt millions peſant de tabac, auroit pu le faire cultiver dans la Louy-