Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/239

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roient nés les uns des autres, pour former dans cette vaſte plaine de l’Amérique, une colonie floriſſante & vigoureuſe.

Cette perſpective, qu’on n’avoit jamais entrevue que dans le lointain, ſembloit ſe rapprocher à la paix dernière. Les habitans auxquels le fiſc devoit ſept millions, acquis la plupart par des manœuvres criminelles, déſeſpérant d’être jamais payés de cette dette impure, ou ne pouvant ſe flatter que de l’être tard & imparfaitement, tournoient heureuſement leurs travaux vers des cultures importantes. Ils voyoient groſſir leur commerce d’une partie des pelleteries, qu’attiroit autrefois le Canada. Les iſles Françoiſes, dont les beſoins augmentoient continuellement & les reſſources venoient de diminuer, leur demandoient plus de bois & de ſubſiſtances. Les liaiſons frauduleuſes avec le Mexique, interrompues par la guerre, reprenoient leur cours. Les navigateurs de la métropole, exclus d’une partie des marchés qu’ils avoient fréquentés, tournoient leurs voiles vers le Miſſiſſipi, dont les bords, trop long-tems déſerts, alloient enfin être habités. Déjà deux cens familles Acadiennes