Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/241

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rable. Mais quel fut le motif qui porta l’Eſpagne à l’accepter ? Ne valoit-il pas mieux qu’elle ſacrifiât gratuitement la Floride au rétabliſſement de la tranquilité publique, que de recevoir en échange une poſſeſſion, dont la défenſe lui étoit impoſſible ? Si c’étoit une barrière contre les entrepriſes qu’une nation ambitieuſe, active & puiſſante pouvoit projeter contre le Mexique, n’étoit-il pas de ſon intérêt qu’un allié fidèle eût à ſoutenir un premier choc, qui l’avertiroit de l’orage & lui donneroit peut-être le tems de le conjurer ?

Mais de quelque manière que la politique veuille enviſager cet événement, ce ſera toujours au tribunal de la morale un crime d’avoir vendu ou donné des citoyens à une puiſſance étrangère.

De quel droit, en effet, un prince diſpoſe-t-il d’un peuple qui ne conſent pas à changer de maître ?

Les nations doivent-elles ſont aux rois, & les rois ne doivent-ils rien aux nations ? Que ſignifie donc le droit des gens ? N’eſt-il que le droit des princes ? Ceux-ci ne tiennent, diſent-ils, leur pouvoir que de