Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/243

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& par l’égliſe, aux nations qui les ont adoptés. Elle ſeule peut donc ſavoir juſqu’à quel point, & à quel deſſein, Dieu a confié ſon autorité aux puiſſances de la terre. Les rois, en s’appuyant des textes de la bible, ſe remettent dès-lors ſous la tutelle des miniſtres de l’évangile. Ainſi, quand ils empruntent les armes du clergé pour tenir les peuples dans les fers, le clergé peut retirer ſes propres armes, & s’en ſervir contre les rois. Il trouvera dans l’évangile même, où ils ont pris le droit de régner, un bouclier à oppoſer contre l’épée, & le glaive contre le glaive.

C’eſt donc en vain que les princes ont recours au ciel pour rappeler leurs droits, quand ils manquent à leurs devoirs. La loi qu’ils invoquent s’élève contre eux. Elle tonne, & les foudroie par la bouche des pontifes. Elle crie au fond des cœurs d’un peuple qui gémit. Ainſi leur puiſſance n’en eſt pas moins conditionnelle, précaire, interprétative ; elle n’eſt pas moins limitée par le code religieux, où ils l’ont puisée, qu’elle ne doit l’être par le code naturel des nations : car la religion étant l’unique