Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/246

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ſociétés. C’eſt par elle qu’il faut interpréter les loix particulières qui doivent toutes émaner de ce principe, en être le développement & le ſoutien.

Or, en appliquant cette règle aux traités de partage & de ceſſion que les rois font entre eux, voit-on qu’ils aient le droit d’acheter, de vendre & d’échanger les peuples ſans les conſulter ? Quoi, les princes s’arrogeront le droit barbare d’aliéner ou d’hypothéquer leurs provinces & leurs ſujets, comme des biens meubles & immeubles ; tandis que les apanages de leur maiſon, les forêts de leur domaine, les joyaux de leur couronne, ſont des effets inaliénables & ſacrés, auxquels on n’oſe toucher dans les beſoins les plus preſſans d’un état !… J’entends une voix qui crie du fond de l’Amérique ; c’eſt la voix d’une nombreuſe colonie, Elle dit à ſa métropole :

« Que t’ai-je fait, pour me liver à un étranger ? Ne ſuis-je pas ſortie de ton ſein ? N’ai-je pas ſemé, planté, cultivé, moiſſonné pour toi ſeule ? Quand tes vaiſſeaux m’exportèrent ſur ces rivages ſi différens de ton heureux climat, ne