Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/249

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dement. Toutes ces raiſons perſuadèrent aux habitans que Charles III faiſoit étudier le pays, & qu’il ſe détermineroit à l’accepter ou à le rejeter, ſelon qu’il le croiroit utile ou nuiſible à ſa puiſſance. Cet examen étoit fait par un agent, qui paroiſſoit prendre une idée peu favorable de la région qu’il étoit venu reconnoître ; & il étoit raiſonnable d’eſpérer qu’il en dégoûteroit ſon maître.

On étoit aſſez généralement dans cette illuſion, lorſqu’une loi arrivée d’Eſpagne, défendit à la Louyſiane toute liaiſon de commerce avec les marchés qui avoient ſervi juſqu’alors au débouché de ſes productions. Ce funeſte décret fut ſuivi, ſelon tous les témoignages, d’une hauteur intolérable, d’odieux monopoles, d’actes répétés d’une autorité arbitraire : maux d’autant plus fâcheux qu’ils paroiſſoient l’ouvrage du commandant François qu’Ulloa avoit ſubjugué au point de le rendre le ſervile inſtrument de tous ſes caprices. Peut-être les accuſations étoient-elles exagérées ? mais il ne falloit pas dédaigner toutes les meſures qui auroient pu détromper les