Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/293

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neaux ; & encore ſont-ils trop ſouvent contrariés par des vents terribles, qui les retiennent quinze jours ou trois ſemaines dans ce court trajet. De Montréal au lac Ontario, les voyageurs trouvent juſqu’à ſix cataractes, qui les réduiſent à la triſte néceſſité de décharger leurs canots, & de les porter avec les marchandiſes, par des routes de terre aſſez conſidérables.

Loin d’encourager l’homme à vaincre la nature, un gouvernement mal inſtruit n’imagina que des projets ruineux. Pour avoir l’avantage ſur les Anglois dans le commerce des pelleteries, on éleva trente-trois forts à une grande diſtance les uns des autres. Le ſoin de les conſtruire, de les approviſionner, détourna les Canadiens des ſeuls travaux qui devoient les occuper. Cette mépriſe les jeta dans une route ſemée d’écueils & de périls.

Les ſauvages ne voyoient pas ſans inquiétude ſe former des établiſſemens qui pouvoient menacer leur liberté. Ces ſoupçons leur mirent les armes à la main, & la colonie fut rarement ſans guerre. La néceſſité rendit ſoldats tous les Canadiens. Une éduca-