Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/320

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chaloupe, étoit tombé dans l’eau. Un glaçon ſe rencontra ſous ſes mains ; il y grimpa, &, le laiſſa aller au gré du flot. Le glaçon, en deſcendant, raſa la rive de Québec. La ſentinelle Angloiſe placée à ce poſte, voit un homme prêt à périr, & crie au ſecours. On vole au malheureux que le courant emporte, & on le trouve ſans mouvement. Son uniforme, qui le fait reconnoître pour un ſoldat François, détermine à le porter chez le gouverneur, où la force des liqueurs ſpiritueuſes le rappelle un moment à la vie. Il recouvre aſſez de voix pour dire qu’une armée de dix mille François eſt aux portes de la place ; & il meurt. Auſſi-tôt on expédie un ordre à la garde avancée de rentrer dans la ville en toute diligence. Malgré la célérité de ſa retraite, on eut le tems d’entamer ſon arrière-garde. Quelques momens plus tard, la défaite de ce corps eût entraîné ſans doute la perte de la place.

L’aſſaillant y marche cependant avec une intrépidité qui ſembloit tout attendre de la valeur, & rien d’une ſurpriſe. Il n’en étoit plus qu’à une lieue, lorſqu’il rencontra un corps de quatre mille hommes, ſorti pour l’ar-