qu’il eſt imprudent & dangereux de ſe donner, par l’extinction de la nation interposée, un voiſin ambitieux, turbulent, guerrier & puiſſant ; que tout domaine séparé d’un état par une grande diſtance eſt précaire, diſpendieux, mal-défendu & mal-adminiſtré ; que ce ſeroit, ſans contredit, un vrai malheur pour deux nations qu’une poſſeſſion en-deçà ou au-delà du fleuve qui leur ſert de limite ; que renoncer à une contrée, que diverſes puiſſances revendiquent, c’eſt communément s’épargner des dépenſes ſuperflues, des alarmes & des guerres, & que la céder à l’un de ceux qui l’envient, c’eſt lui faire préſent des mêmes calamités ; en un mot, qu’un ſouverain qui auroit vraiment du génie le montreroit peut-être moins encore à ſaiſir les avantages réels de ſon pays, qu’à abandonner à des nations rivales des avantages trompeurs dont elles ne ſentiroient qu’avec le tems les conséquences funeſtes. C’eſt une eſpèce de piège ſur lequel la fureur de s’étendre les aveuglera toujours.