Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/333

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de la guerre. Quoique la terreur des vengeances céleſtes fut l’unique gardienne de ces tréſors, ils furent toujours reſpectés par la cupidité, qu’on avoit eu l’art de réprimer par le dogme fondamental de la tranſmigration éternelle des âmes : dogme ſi naturel à tous les eſprits qui craignent ou eſpèrent une autre vie ! La principale autorité du gouvernement réſidoit dans les miniſtres de cette religion terrible, parce que l’empire de l’opinion eſt le plus puiſſant de tous & le plus conſtant. L’éducation de la jeuneſſe étoit dans leurs mains ; & c’eſt par ce premier âge qu’ils s’emparoient de toute la vie de l’homme. Ils connoiſſoient des affaires civiles & criminelles, & décidoient auſſi ſouverainement des querelles des états, que des conteſtations des citoyens. Quiconque oſoit réſiſter à leurs décrets, n’étoit pas ſeulement exclu de toute participation aux divins myſtères, mais étoit encore banni de la ſociété des hommes. C’étoit un crime, un opprobre de le fréquenter. Irrévocablement privé de la protection des loix, la mort ſeule pouvoit mettre fin à ſes infortunes. L’hiſtoire des ſuperſtitions humaines n’en offre aucune