Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/351

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plateur eſt encore plus mécontent de ſes rêves, quand il vient à conſidérer l’exceſſive hauteur des montages du Pérou. C’eſt alors qu’il eſt étonné de voir un continent ſi élevé & ſi nouveau, la mer ſi fort au-deſſous de ſes ſommets, & ſi récemment deſcendue des terres que ces fiers boulevards ſembloient défendre de ſes attaques. Cependant on ne peut nier qu’elle n’ait couvert les deux continens du nouvel hémiſphère. L’air & la terre, tout l’atteſte.

Les fleuves plus larges & plus longs en Amérique ; des bois immenſes au Midi ; de grands lacs & de vaſtes marais au Nord ; des neiges preſque éternelles entre les tropiques, peu de ces ſables purs qui ſemblent être le sédiment de la terre épuisée ; point d’hommes entièrement noirs ; des peuples très-blancs ſous la ligne ; un air frais & doux par une latitude où l’Afrique eſt brûlante, inhabitable ; un climat rigoureux & glacé, ſous le même parallèle que nos climats tempérés ; enfin une différence de dix ou douze degrés de température, entre l’ancien & le nouvel hémiſphère : ce ſont autant d’empreintes d’un monde naiſſant.