Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

c’étoit leur habillement avant leur commerce avec nous. Ce qu’ils y ont ajouté depuis, a toujours excité les lamentations de leurs vieillards ſur la décadence des mœurs.

Peu de ces ſauvages connoiſſoient la culture, encore n’étoit-ce que celle du maïs qu’ils abandonnoient aux femmes, comme indigne des ſoins de l’homme indépendant. Leur plus vive imprécation contre un ennemi mortel, c’étoit qu’il fût réduit à labourer un champ ; la même que celle que Dieu prononça contre le premier homme. Quelquefois ils s’abaiſſoient juſqu’à la pêche : mais leur vie & leur gloire étoient la chaſſe. Toute la nation y alloit comme à la guerre ; chaque famille, chaque cabane, comme à ſa ſubſiſtance. Il falloit ſe préparer à cette expédition par des jeûnes auſtères, n’y marcher qu’après avoir invoqué les dieux. On ne leur demandoit pas la force de terraſſer les animaux, mais le bonheur de les rencontrer. Hormis les vieillards arrêtés par la décrépitude, tous ſe mettoient en campagne, les hommes pour tuer le gibier, les femmes pour le porter & le sécher.