Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/363

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du deſpotiſme, qu’il emploie de violence & d’artifice lui-même, pour s’emparer de toutes les facultés des hommes ? Mais eſt-il permis de ſe plaindre & de murmurer ſous les verges de l’oppreſſeur ? N’eſt-ce pas l’irriter, l’exciter à frapper juſqu’au dernier ſoupir de la victime ? À ſes yeux, les cris de la ſervitude ſont une rébellion. On les étouffe dans une priſon, ſouvent même ſur un échafaud. L’homme qui revendiqueroit les droits de l’homme, périroit dans l’abandon ou dans l’infamie. On eſt donc réduit à ſouffrir la tyrannie, ſous le nom de l’autorité ?

Dès-lors, à quels outrages l’homme civil n’eſt-il pas exposé ? S’il a quelque propriété, juſqu’à quel point en eſt-il aſſuré, quand il eſt obligé d’en partager le produit, entre l’homme de cour qui peut attaquer ſon fonds, l’homme de loi qui lui vend les moyens de le conſerver, l’homme de guerre qui peut le ravager, & l’homme de finance qui vient y lever des droits toujours illimités dans le pouvoir qui les exige ? Sans propriété, comment ſe promettre une ſubſiſtance durable ? Quel eſt le genre d’induſtrie à l’abri des évé-