Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/384

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ou cent ſoldats & facteurs, enfermés dans quatre mauvais forts, dont celui d’York eſt le principal. Leur occupation eſt de recevoir les pelleteries, que les ſauvages voiſins viennent échanger contre quelques marchandiſes, dont on leur a fait connoître & chérir l’uſage.

Quoique ces fourrures ſoient fort ſupérieures à celles qui ſortent des contrées moins ſeptentrionales, on les obtient à meilleur marché. Les ſauvages donnent dix caſtors pour un fuſil ; deux, pour une livre de poudre ; un caſtor pour quatre livres de plomb ; un, pour une hache ; un, pour ſix couteaux ; deux caſtors pour une livre de grains de verre ; ſix, pour un ſurtout de drap ; cinq, pour une jupe ; un caſtor pour une livre de tabac. Les miroirs, les peignes, les chaudières, l’eau-de-vie, ne valent pas moins de caſtors à proportion. Comme le caſtor eſt la meſure commune des échanges, un ſecond tarif, auſſi frauduleux que le premier, exige deux peaux de loutre ou trois peaux de martres, à la place d’une peau de caſtor. À cette tyrannie autorisée, ſe joint une tyrannie au-moins tolérée. On trompe