Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/419

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Cette généroſité de la nature, doit être plus grande encore à Terre-Neuve, où la morue eſt infiniment plus abondante.

Elle eſt auſſi plus délicate, quoique moins blanche ; mais elle n’eſt pas un objet de commerce lorſqu’elle eſt fraîche. Son unique deſtination eſt de ſervir de nourriture à ceux qui la pêchent. Salée & séchée, ou ſeulement ſalée, elle devient précieuſe pour une grande partie de l’Amérique & de l’Europe. Celle qui n’eſt que ſalée ſe nomme morue verte, & ſe pêche au grand banc.

Cette bande de terre, eſt une de ces montagnes qui ſe forment ſous les eaux des débris du continent, que la mer emporte & accumule. Les deux extrémités de ce banc ſe terminent tellement en pointe, qu’il n’eſt pas aisé d’en marquer exactement les bornes. On lui donne communément cent ſoixante lieues de long, ſur quatre-vingt-dix de large. Vers le milieu, du côté de l’Europe, eſt une eſpèce de baie, qui a été nommée la Foſſe. Les profondeurs, dans tout cet eſpace, ſont fort inégales. Il s’y trouve depuis cinq juſqu’à ſoixante braſſes d’eau. Le ſoleil ne s’y montre preſque jamais, & le ciel y eſt, le plus ſou-