Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/428

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contrent, au voiſinage de l’iſle, une quantité de glaces que les courans du Nord pouſſent vers le Sud, qui ſe briſent dans leur choc réciproque, & qui fondent plutôt ou plus tard, à la chaleur de la ſaiſon. Ces pièces de glace ont quelquefois une lieue de circonférence, s’élèvent dans les airs à la hauteur des plus grandes montagnes, & cachent dans les eaux une profondeur de ſoixante à quatre-vingts braſſes. Jointes à d’autres glaces moins conſidérables, elles occupent une longueur de cent lieues, ſur une largeur de vingt-cinq ou trente. L’intérêt, qui porte les navigateurs à toucher le plus promptement aux atterrages, pour choiſir les havres les plus favorables à la pêche, leur fait braver la rigueur des ſaiſons & des élémens, conjurés contre l’induſtrie humaine. Les remparts les plus formidables de l’art militaire, les foudres d’une place aſſiégée, la manœuvre du combat naval le plus ſavant & le plus opiniâtre, n’ont rien qui demande autant d’audace, d’expérience & d’intrépidité, que les énormes boulevards flottans que la mer oppoſe à ces petites flottes de pêcheurs. Mais la plus avide de toutes les faims, la plus