Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/437

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miſe par la France à la ceſſion de la propriété de Terre-Neuve devenoit illuſoire, ſi ſes pêcheurs pouvoient trouver les lieux abondans en poiſſon occupés par des rivaux qui, fixés ſur les côtes voiſines, arriveroient toujours les premiers. Cependant il ſe détermina à ſoutenir qu’en toute rigueur, la jouiſſance devoit être commune aux deux peuples. Il lui auroit fallu plus de force & plus de courage qu’il n’en avoit pour braver les cris de l’oppoſition & des murmures que ſa juſtice auroit excités. On comptoit auſſi ſur la foibleſſe de Louis XV, & l’on ne ſe trompoit pas. Les circonſtances & le caractère de ſon ſucceſſeur ne ſont pas les mêmes. Ce tort ſera redreſſé avec beaucoup d’autres. Il n’eſt pas même impoſſible que les pêcheries sédentaires de cette couronne reçoivent quelque accroiſſement.

Il faut entendre par pêche sédentaire celle que font les Européens établis ſur les côtes de l’Amérique où la morue abonde. Elle eſt infiniment plus utile que la pêche errante, parce qu’elle exige moins de frais & qu’elle peut être continuée plus long-tems. Les François jouiſſoient de ces avantages avant que les fautes de leur gouvernement leur