Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/445

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approchoit des lieux où abondoient les pelleteries, dont la traite excluſive leur étoit accordée. Ce qui fortifie cette conjecture ; c’eſt que les premiers monopoleurs, & ceux qui les remplacèrent, prirent toujours à tâche d’éloigner de l’exploitation des forêts, de l’éducation des beſtiaux, de la pêche, de la culture, tous ceux de leurs compatriotes que leur inquiétude ou des beſoins avoient amenés dans cette contrée : aimant mieux tourner l’activité de ces aventuriers vers la chaſſe & vers la traite avec les ſauvages.

Un déſordre, né d’un faux ſyſtême d’adminiſtration, ouvrit enfin les yeux ſur les funeſtes effets des privilèges excluſifs. Ce ſeroit outrager la bonne-foi & la vérité, qui doivent être l’âme d’un hiſtorien, de dire que l’autorité commença à reſpecter, en France, les droits de la nation, dans un tems où ils étoient le plus ouvertement violés. Jamais on n’y conçut ce mot ſacré, qui peut ſeul aſſurer le ſalut des peuples, & donner la ſanction au pouvoir des rois. Mais dans les gouvernemens les plus abſolus, on fait quelquefois par eſprit d’ambition, ce que les gou-