Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/458

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ſiaſme ou par les inſinuations des adminiſtrateurs du Canada, leur perſuadèrent tout ce qu’ils voulurent contre les Anglois, qu’ils appelloient hérétiques. Ce mot, qui fut toujours ſi puiſſant pour faire entrer la haine dans des âmes séduites, détermina la plus heureuſe peuplade de l’Amérique à quitter ſes habitations, pour ſe tranſplanter dans la Nouvelle France, où on lui offroit des terres. La plupart exécutèrent cette réſolution du moment, ſans prendre aucune précaution pour l’avenir. Le reſte ſe diſpoſoit à les ſuivre, quand il auroit pris ſes sûretés. Le gouvernement Anglois, ſoit humeur ou politique, voulut prévenir cette déſertion par une ſorte de trahiſon, toujours lâche & cruelle dans ceux à qui l’autorité donne les moyens de la douceur & de la modération. Les François neutres, qui n’étoient pas encore partis, furent raſſemblés, ſous prétexte de renouveler le ſerment qu’ils avoient fait autrefois au nouveau maître de l’Acadie. Dès qu’on les eut réunis, on les embarqua ſur des navires qui les tranſportèrent dans d’autres colonies Angloiſes, où le plus grand nombre périt de chagrin encore plus que de misère.