Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/475

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enſuite tyran, ſe déchaîna contre les Quakers. Ils furent empriſonnés, fouettés & bannis. La fière ſimplicité de ces nouveaux enthouſiaſtes qui béniſſoient le ciel & les hommes, au milieu des tourmens & de l’ignominie, inſpira de la vénération pour leurs perſonnes, fit aimer leurs ſentimens, & multiplia leurs prosélytes. Ce ſuccès aigrit leurs persécuteurs, & les porta aux extrémités les plus ſanguinaires. Ils firent pendre cinq de ces malheureux, qui étoient furtivement revenus de leur exil. On eût dit que les Anglois n’étoient allés en Amérique, que pour exercer ſur leurs compatriotes toutes les cruautés que les Eſpagnols avoient exercées contre les Indiens ; ſoit que le changement de climat rendît les Européens plus féroces ; ſoit que la fureur de religion ne puiſſe trouver de terme que dans l’extinction de ſes apôtres ou de ſes martyres. La persécution fut enfin arrêtée par la métropole même, d’où elle avoit été portée.

Un peuple mélancolique par caractère, étoit devenu ſombre & farouche. Le ſang de ſon monarque couloit encore à ſes yeux. Les uns pleuroient en ſecret ce grand aſſaſſinat ;