Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/486

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près, dont ce tribunal m’accuſe, & dont le ciel m’abſout, j’ai mené juſqu’à préſent une vie irréprochable. Je défie mes ennemis, ſi j’ai le malheur d’en avoir que je n’ai pas mérités, de me charger de la moindre injuſtice. J’examine ma conſcience & ma conduite ; l’une & l’autre, je le dis hardiment, me paroiſſent pures comme le jour qui m’éclaire : & lorſque je cherche mon crime, je ne le trouve que dans la loi.

« C’eſt au riſque de ma vie que j’ai donné le jour à cinq enfans. Je les ai nourris de mon lait & de mon travail, ſans être à charge au public ni à perſonne. Je me ſuis dévouée avec tout le courage de la tendreſſe maternelle, aux pénibles ſoins qu’exigeoient leur foibleſſe & leur âge. Je les ai formés à la vertu, qui n’eſt que la raiſon. Ils aiment déjà leur patrie comme moi. Ils ſeront citoyens comme vous-mêmes ; à moins que vous ne leur ôtiez par de nouvelles amendes le fonds de leur ſubſiſtance, & que vous ne les forciez à fuir une région qui les repouſſa dès le berceau.

« Eſt-ce donc un crime de féconder ou de procréer, à l’exemple de la terre, notre